L’attention : les régies publicitaires de tous les médias s’engagent
TV, presse, radio, publicité extérieure, Internet. Les représentants des syndicats professionnels des régies de ces médias font le point sur leurs réflexions liées à l’attention.
Ont participé à cet interview :
Les coups de projecteurs et les investissements sur l’attention peuvent-ils remettre en valeur le critère de qualité des espaces publicitaires ?
Un « oui » unanime qui n’oublie pas les acquis (comme le GRP) et les capacités de chaque média à créer intrinsèquement de l’attention.
Isabelle Vignon - SNPTV
La qualité des espaces publicitaires pouvant être définie par leur emplacement (EP dans l’écran), leur contexte (programme premium, voire événement live exceptionnel comme le sport) mais aussi en cohérence avec le contexte du programme (thématique), la taille de l’écran, la durée du spot, sans oublier la créativité de la campagne, alors indéniablement, ce sont des éléments qui vont contribuer à valoriser la qualité des espaces publicitaires. Même si l’attention aujourd’hui n’est pas intégrée aux critères qui font le mediaplanning et permet de juger de la performance média (couverture / répétition) atteinte sur la cible pour une campagne, elle est déjà induite dans le GRP, puisque l’audience de l’écran prend nativement en compte la durée d’écoute à la seconde des panélistes, puis est ensuite moyennée sur l’ensemble de l’écran. C’est un fait que l’on oublie trop souvent, et qui pourtant est majeur, au regard de l’importance que revêt le sujet de l’attention aujourd’hui. Les critères d’attention, tels que mesurés par certains instituts référents, prennent en compte la durée de l’attention vs la durée du spot ou de la vidéo regardée.
Cécile Solano - SRP
Absolument, quelle que soit la définition que l’on donne au KPI de l’attention publicitaire, celle-ci est par essence liée à l’attention éditoriale, à l’attention dans un contexte de lecture ou de consommation d’un contenu. La presse étant par nature un média de l’attention choisie, du contenu de qualité, nous sommes extrêmement à l’aise avec sa mise en lumière au niveau du marché publicitaire. Toute la famille « presse » travaille activement sur ces critères transposés également aux assets digitaux de nombreuses régies publishers.
Anne Fauconnier - Bureau de la Radio
L’attention est un sujet clé traité de longue date et qui prend tout son sens aujourd’hui, à l’heure de l’économie de l’attention et du besoin grandissant d’émergence des marques face à la profusion des volumes de publicité auxquels les individus sont exposés.
L’attention est une étape nécessaire à la mémorisation et si on l’étudie à travers l’ensemble des facteurs qui permettent de la capter, ces investissements seront fructueux et vertueux pour tous : pour les marques, car ils permettront de communiquer mieux, et pour les médias, car ils permettront un meilleur contrat avec leurs publics, un « contrat d’écoute » pour la radio et l’audio. Pour aller vers plus de qualité et mieux communiquer, il est essentiel d’étudier de façon exhaustive l’ensemble des sens sollicités par les médias (l’ouïe pour la radio et l’audio, également la vue pour la TV et la vidéo, ou encore le toucher) et d’en extraire les meilleurs usages pour faire émerger les marques (création publicitaire, nature et durée des formats, emplacements et contextes...) en suscitant les meilleures émotions.
Hélène Chartier - SRI
Il est vrai que l’attention passe pour le nouveau « graal » du marché. Il y a beaucoup de projets en cours, notamment au travers du groupe de travail mis en place par le CESP et l’IREP ou dans d’autres associations professionnelles. Il nous semble cependant qu’il est trop tôt pour répondre de but en blanc à la question de la valeur associée à ce nouveau critère : on en est encore à la phase de test and learn.
Francis Moureaux - Mobimétrie
Stéphane Dottelonde - UPE
Les débats sur l’attention permettent en effet de dépasser les notions seules de performances quantitatives. Le média OOH y est sensible, étant donné la multiplicité des formats (du 1m² aux bâches événementielles), des modes de diffusion (fixe, déroulant, digital) et des contextes de réception des messages multiples (indoor, outdoor, mobilité, shopping..). En même temps, au-delà des considérations sur les métriques d’attention, notre média est le seul qui est majoritairement publicitaire nativement. L’attention du public reste donc étroitement liée à la qualité des contenus de base du média publicité extérieure : la création publicitaire et ses scénarisations.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis du groupe de travail du CESP/IREP dédié à l'attention ?
Une initiative plébiscitée. Le défi d’harmoniser et d’avoir une approche plurimedia qui intègre les spécificités de chaque média.
Cécile Solano - SRP
La démarche conjointe du CESP et de l’IREP est aussi intelligente que courageuse. Il y a une réelle attente coté annonceurs et les régies publishers au sein du SRP soutiennent totalement cette initiative. Les médias, bien que très différents, ont un intérêt commun à clarifier la ou les définitions de l’attention et également les méthodologies pour appréhender ce KPI en faisant en sorte que cela soit valable pour tous ou pour chacun. Les médias doivent prendre l’initiative et ne pas se laisser dicter les règles du jeu par les solutions ou les technos de l’attention qui commencent à se développer. Il est essentiel de s’accorder sur des conventions : nombre de participants recommandé pour l’eye-tracking, conditions de réalisation des tests au plus près de la réalité des usages… Tester une annonce de presse print sur un écran avec une webcam ne correspond pas vraiment à la réalité d’une exposition print !
Isabelle Vignon - SNPTV
Le CESP et l’IREP sont les acteurs incontournables pour clarifier, en tant que tiers de confiance, les métriques utilisées actuellement par les agences, les instituts d’études, et les médias en termes d’attention. Les terminologies, qui peuvent être différentes d’un institut à un autre et pour autant pouvant signifier la même chose, ou le cadrage de la notion de contact -prérequis de l’attention- nécessitent de détailler l’existant, le traduire et surtout de définir les kpis attendus par les acteurs du groupe de travail. L’attention ne pouvant se substituer à la puissance du média (son reach), ni à son efficacité mémorielle ou business, il est utile que tous les acteurs, de concert et sous l’égide du CESP/IREP, valident les kpis attendus, qui enrichiront les stratégies médias et le médiaplanning.
Hélène Chartier - SRI
Au SRI nous travaillons en ce moment dans l’esprit de nos « pense-pas bête » (PPB de l’Efficacité, PPB de la Brand Safety) à un état des lieux de cette mesure. L’objectif est de donner des repères sur les différents outils, définitions, méthodologies, modes de calcul, KPI…
Ce panorama apportera une contribution pragmatique au Groupe de travail CESP/IREP qui vise à établir un langage commun sur le sujet de l’Attention et à tendre vers une forme d’harmonisation. L’intérêt du Groupe de travail CESP/IREP sera à la fois d’apporter une vision pluri-média à ce sujet.
Francis Moureaux - Mobimétrie
Stéphane Dottelonde - UPE
Il faut définir l’objectif de ce groupe de travail car l’attention n’est pas une fin mais un moyen. C’est avant tout l’efficacité qui compte. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas homogénéiser l’approche compte tenu des spécificités de chaque média : l’OOH est nativement publicitaire, un média en mobilité aux divers formats avec des contextes de réception totalement différenciés en fonction des publics et des situations d’exposition. Dans le même registre, la définition de contact ou de GRP n’a pas la même définition par média. Il ne faut pas vouloir homogénéiser : la réflexion peut éventuellement porter sur des critères minimum par média.
Anne Fauconnier - Bureau de la Radio
Le Bureau de la Radio est ravi d’être associé à ces travaux et souhaite mesurer l’attention selon la spécificité de chaque média et définir des KPI qui intègrent les atouts de chacun. Car pour attirer l’attention, les marques ont tout intérêt à épouser les usages propres à la consommation de chaque média et à activer la synergie des sens sollicités, et tout particulièrement le pouvoir de l’audio.
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