Comment la Covid-19 a impacté OneNext
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Patricia Schultz, Directrice de projets au CESP, a participé au séminaire Évolution de la pratique des enquêtes pendant l'épidémie de Covid-19, organisé par la Société Française de Statistique (SFdS). Elle y a expliqué comment les changements dans l’organisation du terrain Kantar et les contrôles du CESP sur l’étude d’audience de la presse – OneNext de l’ACPM– ont dû s’adapter aux nouvelles pratiques liées à la crise sanitaire et aux mesures de restriction imposées à la population.
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Le 25 Mars, Patricia Schultz est intervenue au SFdS sur le thème Enjeux et impacts de la crise sanitaire pour une étude d’audience : l’exemple de la presse, montrant comment l’institut Kantar et le CESP ont dû faire preuve d’imagination, de réactivité et d’agilité pour adapter leurs pratiques.
Concernant l’organisation du terrain pour assurer la continuité puis la reprise du recueil
La fermeture des sites de Lyon et de Nice durant le premier confinement du 16 mars au 11 mai, n’a pas impacté les trois filières – le socle « 15 ans et plus » et les sur-échantillons « Top Cadres » et « Top Revenus » – de la même manière, les recrutements sur les échantillons « Top Revenus » et « Non internautes » ayant été interrompus durant cette période. Néanmoins, une petite équipe d’enquêteurs sur le socle de l’étude et sur les « Top Revenus » a atteint 30 % de l’objectif en termes de recrutement, grâce à la mise en place du télétravail. À la réouverture des deux sites, le 11 mai, la capacité de recueil n’était plus qu’à 50 % de ce qu’elle était avant le confinement et il a fallu attendre la semaine du 25 juin pour avoir un retour à la normale.
Concernant la continuité des contrôles du CESP
Le CESP réalise deux interventions sur le terrain : le contrôle du travail des enquêteurs au travers des écoutes et le suivi des formations sur le plan de leur qualité et de leur homogénéité dans le temps. Auparavant faites sur place ou dans les locaux de Kantar à Paris, les écoutes ont dû être mises en place à distance du domicile des inspecteurs en veillant à :
- Pouvoir écouter les enquêteurs et vérifier la saisie à l’écran, notamment celle de la profession de la personne interrogée ;
- Ne pas prévenir en amont l’enquêteur qu’il est écouté ;
- Pouvoir agir rapidement, si nécessaire en contactant le chef d’équipe avec deux cas de figure : enquêteur sur site ou à distance.
Des écoutes possibles, dès le 27 mars, ont permis au CESP de suivre le travail en période de confinement (88 soit 45 % des enquêteurs contrôlés).
Le suivi des formations a été effectué principalement à distance par le CESP, les enquêteurs ayant été quasiment tous formés sur site.
Tant sur les écoutes que sur les formations, le CESP a constaté que ce système fonctionnait bien.
Concernant les écoutes, il a relevé la disponibilité des chefs d’équipe (permettant de réagir vite), l’ergonomie de la plateforme commune (permettant de passer facilement d’un module à l’autre), des rapports d’écoute documentés, le côté expérimenté des enquêteurs en télétravail. Il a aussi repéré qu’il y avait peut-être de bonnes pratiques à adopter dans le fait d’avoir davantage de télétravail dans le recueil des données. Enfin, pour pallier la distance, un suivi des actions va être mis en place entre les différents acteurs (Kantar et Leader Field d’une part, et le CESP de l’autre).
Concernant les formations faites entièrement à distance, le CESP relève une participation un peu plus importante et des échanges plus riches avec les enquêteurs et des consignes connues et appliquées dans leur ensemble notamment par les nouveaux enquêteurs que le CESP a contrôlés en priorité, ne constatant aucune dégradation du travail.
Le confinement : quel effet sur la joignabilité de l’échantillon ?
Pour les études en entreprise, le CESP préconise d’adapter l’argumentaire pour aider les enquêteurs en télétravail à obtenir de la part de standards et de secrétariats, encore plus réticents que d’ordinaire, qu’ils donnent des informations pour identifier la cible et fournir un numéro de téléphone.
Pour savoir si les statistiques ont changé, s’il y a eu un effet confinement et s’il est durable dans le temps, le CESP dans ses audits analyse les résultats d’appel (donnés pour chaque édition selon l’heure, le n° de téléphone appelé).
Quelle valeur de l’indicateur d’audience pendant le confinement ?
Les conditions d’accès aux supports de presse, notamment papier ayant été profondément modifiées (diffusion limitée voir arrêtée pour certains titres, déplacements restreints de la population, etc.) et les conditions de réalisation de l’enquête ayant été réduites (fermeture des sites d’enquête, impossibilité de recruter des individus sur leur lieu de travail ou des non-internautes) ont amené le Comité Scientifique du CESP à recommander à l’ACPM de ne pas intégrer les questionnaires d’audience remplis durant le confinement à la mesure d’audience 2020 de la presse. Parmi les scénarios proposés, le Comité Audience a choisi de neutraliser les 1 243 interviews réalisées entre le 16 mars et le 11 mai.
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